Apiculture

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Comment l’industrialisation de l’agriculture menace l’apiculture biologique dans le monde entier : un appel à l’action lors de la 5e conférence internationale sur l’apiculture biologique.

L’apiculture mondiale souffre de l’industrialisation rapide de l’agriculture, qui détériore la santé des abeilles et la production de miel. Les apiculteurs biologiques sont particulièrement touchés, car il devient de plus en plus difficile de trouver des terres non cultivées ou cultivées biologiquement afin d’y installer leurs abeilles.

C’est dans ce contexte que des scientifiques et des apiculteurs se sont rencontrés lors de la 5e conférence internationale sur l’apiculture biologique à l’université de Hohenheim à Stuttgart, du 1er au 3 mars 2019. L’événement, organisé conjointement par l’université de Hohenheim, Naturland et le Forum apicole de l’IFOAM, a rassemblé plus de 300 apiculteurs professionnels et amateurs, des scientifiques, des experts en développement et d’autres passionnés d’apiculture.

Les pratiques agricoles doivent intégrer plus de respect pour les abeilles et les insectes. Les responsables politiques d’Allemagne, d’Europe et du monde entier doivent s’assurer de mettre en place des mesures qui soutiennent les efforts des agriculteurs dans ce sens.

Parmi les participants figuraient plus de 300 apiculteurs professionnels et amateurs, des scientifiques, des experts en développement et d’autres passionnés d’apiculture. L’événement était organisé par l’université de Hohenheim, l’association biologique Naturland et le Forum apicole de l’IFOAM, la Fédération internationale des mouvements d’agriculture bio.

NOS DEMANDES À L’ÉGARD DES POLITICIENS

Les pertes d’habitat, l’utilisation de pesticides, le génie génétique agricole, les monocultures, les nouveaux parasites, les effets de la crise climatique — les facteurs contribuant au déclin du nombre d’abeilles sont multiples. Simultanément, comme la conférence a pu l’établir, on connaît la dépendance de l’être humain aux services fournis par nos systèmes écologiques.

Un appel a été lancé pour améliorer les méthodes de fauche et les techniques d’épandage de pesticides dans l’agriculture conventionnelle. « Qu’il s’agisse de bandes fleuries, de haies, de techniques agricoles ou de recherche, les responsables politiques au niveau régional et national, en Allemagne, en Europe et dans le monde entier, doivent assumer leur responsabilité et soutenir l’agriculture sous tous ses aspects, dans l’intérêt de notre société dans son ensemble », déclare Steffen Reese, directeur général de Naturland.

Dans de nombreuses régions, la progression rapide de la déforestation, par exemple dans la péninsule du Yucatan au Mexique, constitue une menace pour les apiculteurs. Là-bas, les cultures illégales de soja OGM signifient également une utilisation massive de pesticides. Les abeilles ne trouvent plus de nourriture ou sont empoisonnées par les pesticides qui sont souvent pulvérisés par avion. En conséquence, la production de miel diminue, alors qu’il s’agit de la plus importante source de revenus des familles mayas, en dehors de leur production agricole.

Les interventions d’orateurs venus d’Argentine et d’Éthiopie ont souligné l’importance de l’apiculture biologique pour le développement rural durable et sa contribution à la préservation et à la protection de zones boisées importantes dans le monde.

POUR DES ABEILLES EN BONNE SANTÉ

La conférence a abordé les défis pratiques de l’apiculture biologique, en mettant l’accent sur la santé des abeilles. Les principaux thèmes abordés étaient la qualité et la pureté de la cire d’abeille en tant que partie intégrante de l’organisme de l’abeille, et le traitement du varroa destructor, un parasite s’attaquant aux abeilles.

« Les composés de lithium, qui font actuellement l’objet de recherches au centre de recherche apicole de l’université de Hohenheim, offrent une lueur d’espoir. Toutefois, nous ne disposons pas encore d’un remède breveté », admet Uli Bröker, expert apicole de Naturland. « Tant que nous n’aurons pas réussi à produire des abeilles résistantes au varroa grâce à la sélection positive, nous devrons nous contenter de nos méthodes actuelles, comme l’utilisation d’acides organiques, le traitement thermique et la rupture de ponte. »

Les scientifiques de l’université de Hohenheim ont également découvert le rôle majeur de la pression d’invasion exercée par les essaims voisins infectés. Même des distances aussi grandes que 1,5 km ne peuvent protéger efficacement une colonie contre une infection par le varroa.

LES DANGERS QUE RENCONTRENT LES APICULTEURS NON EUROPÉENS

En revanche, le varroa ne constitue pas une menace majeure en Afrique ou en Amérique latine. En effet, les abeilles africaines y sont naturellement résistantes, et l’apiculture est largement pratiquée dans ces régions. Dans ce contexte, ce sont les formes changeantes de gestion des terres qui constituent le plus grand danger pour les abeilles et les apiculteurs.

« L’industrialisation croissante de l’agriculture dans de nombreux pays de l’hémisphère sud, très éloignée des bonnes pratiques agricoles, menace l’existence de millions d’apiculteurs non européens qui dépendent de l’apiculture pour vivre », déclare Manfred Fürst, expert de Naturland en apiculture internationale et coordinateur du Forum apicole de l’IFOAM.

LE POTENTIEL DES PRODUITS APICOLES POUR L’APITHÉRAPIE

Lors de la conférence, les traitements disponibles sous forme d’apithérapie ont été discutés. La discussion a porté sur la qualité des produits issus de l’apiculture biologique ainsi que sur le manque d’études scientifiques et d’exemples de réussite dans la pratique. L’apithérapie présente un grand potentiel et pourrait également devenir une importante source de revenus pour les apiculteurs.